Jardiner à Brin d’Guill, mode d’emploi (dans nos archives : juin 2006)


Brin d’Guill est une association qui naît en juillet 2004, sous l’impulsion d’habitants assidus au conseil de quartier. Au départ, on compte une petite poignée d’adhérents mais beaucoup d’énergie.

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Cahier des Charges 2004

pour en savoir un peu plus sur les débuts de l’association (historique, valeurs, démarches…)

Le principe est simple, inspiré des jardins communautaires de New York (les fameux « community gardens », www.greenguerillas.org) : en transformant les délaissés urbains en de petits jardins, les adhérents s’approprient ces parcelles. Le jardin devient alors libre d’accès sous condition d’être adhérent à l’association qui le gère. Le jardin devient accessible à tous lorsqu’un jardinier est présent dessus, c’est pour ça que la porte est toujours grande ouverte. Pour lancer l’association à ses débuts, et parce que nous n’étions pas des experts de jardinage en partage, nous avons été accompagnés par l’association le Passe-Jardins (http://www.jtserhonealpes.fr/), formidable association qui porte une dynamique de réseaux entre les différents jardins collectifs du Grand Lyon, et de la région Rhône-Alpes.

Pourquoi autant de délaissés urbains à la Guillotière ?

un projet débute en 1923 avec le maire de l’époque Edouard Herriot. L’idée est alors de créer un boulevard routier qui ferait la jonction entre l’avenue Félix Faure et le Pont de l’Université, dans la perspective de désengorger le transit sur l’avenue Jean Jaurès. Mais le projet n’a jamais vu le jour, vous l’aurez remarqué. Cependant, les acquisitions immobilières ont continué à se faire, les baux commerciaux n’ont pas été renouvelés, les immeubles ont été détruits. Ces transformations ont contribué à donner un certain aspect au quartier, dont les premiers adhérents ont déploré l’absence de végétalisation. Cependant, cet ensemble quelque peu délaissé nous donne la formidable opportunité d’en faire un laboratoire urbain, où nous menons différentes expériences végétales.
Lors des dernières élections municipales, les candidats ont parlé d’une coulée verte, qui amènerait le projet à sa fin, et le vide à se combler. Nous, on aimerait bien continuer à exister dans ce futur projet.

Mais au jour d’aujourd’hui et depuis la création de l’association, nous n’avons jamais pu obtenir de convention.

Une convention pour quoi faire ?

Une convention signée avec les propriétaires des parcelles que nous jardinons, – à savoir la Ville de Lyon et la Communauté Urbaine du Grand Lyon -, nous permettrait d’avoir de la lisibilité sur le long terme quant à l’action que nous menons. Brin d’Guill, association de création et d’animation de jardins dits nomades, se voit confier de petits espaces en attente d’un projet d’aménagement urbain. Ce projet tarde à être mené, mais nous devons nous préparer à déménager nos jardins du jour au lendemain. Or, sans convention, pas de certitude de relogement. Le fait d’être nomade induit le fait que nous ne disparaissions pas si nos jardins actuels venaient à disparaître. Une convention pourrait par ailleurs nous permettre de régler les problèmes d’approvisionnement en eau avec l’obtention légale d’un compteur en eau.

En attendant, on jardine et on s’étend.

Voilà pourquoi nous nous disons nomades : parce que les jardins sont amenés à se déplacer au gré de ces constructions immobilières, devenues hypothétiques au fil du temps.

Le premier jardin à voir le jour avec Brin d’Guill est la parcelle Mazagran (au 6 rue Mazagran, Lyon 7), en 2004.


Mazagran

Mazagran 2005

Il est situé juste à côté de l’Ilot d’Amarantes, un jardin créé par l’artiste Emmanuel Louisgrand, dont le projet est porté par la Galerie Tator.

En 2005, nous ouvrons la parcelle Cluzan (en face du 12 rue Cluzan, Lyon 7). Comme son ainé Mazagran, il s’agit également d’une dent creuse.


Cluzan

Cluzan 2006

En 2006, avec l’accompagnement de Bernard Maret de la cellule « Etude et essais » des Espaces Verts de la ville de Lyon, nous lançons l’opération des Petits Brins Zurbains. L’idée est de provoquer une végétalisation des rues en faisant des « micro implantations florales ». Les espaces verts s’occupent de creuser le trottoir. Bernard Maret nous donne plein de précieux conseils pour savoir arroser, mettre des plantes qui aiment à s’essaimer, car le jardinage de la rue est un art bien particulier.


super pbz

PBZ 2008

Nous faisons l’installation des jardinières, assurons une partie de l’entretien, renouvelons les plantes (souvent !), mais à terme les habitants s’approprient ces jardinières. Des fois ça marche, des fois ça fonctionne moins bien.
La première série de jardinières se fait le long de la rue Chalopin. Nous les étendons l’année suivante aux rues Salomon Reinach, Sébastien Gryphe et Montesquieu.

Et c’est vrai qu’on a fini par s’y habituer. Regardez plutôt avant : il n’y a pas quelque chose qui manque ?


pbz avant

sans PBZ 2005

En 2007, un nouvel immeuble attenant à l’Ilot d’Amaranthes est détruit. Cette nouvelle configuration de l’espace marque le début de 2 ans de jardinage conjoint entre Emmanuel Louisgrand et la Galerie Roger Tator d’une part, et Brin d’Guill de l’autre part.

amaranthes 2008
Amaranthes 2008

L’Ilot d’Amarantes s’impose comme le lieu du jardinage en pleine terre dans un cadre artistique – c’est le seul jardin qui offre une telle pratique. En 2009, Brin d’Guill devient gestionnaire unique de la structure, sans pour autant interrompre le travail partenarial et artistique.

Voici pour ce qui est de l’état des lieux physique de l’action menée par Brin. Tous les projets de l’association sont menés collectivement.

Le collectif pourquoi faire ?

Les jardins sont jardinés globalement. Il n’y a pas d’attribution individuelle de parcelles. Premièrement, c’est du bon sens pour un jardin. Si les cultures étaient sur des parcelles morcelées, il n’y aurait pas de cohérence entre elles. Or, les tomates poussent ensemble, parce que si elles étaient éparpillées, l’ombre des plants empêcheraient les autres plantes de pousser. Deuxièmement, ça nous permet de faire des expériences : cette année, on a mis en place un carré céréalier, ce qui est difficile à faire sur une petite surface. Troisièmement, parce qu’un jardin demande une forte assiduité, jusqu’à être quotidienne pendant les beaux jours. Etre plusieurs sur un même jardin permet de diviser les tâches et d’assurer un entretien continu. De même, il peut être arroser tout l’été, on assure un roulement pendant les vacances. Quatrièmement, l’espace divisé en n petites parcelles limiterait à n le nombre d’adhérents. Et ce n’est pas ce que nous souhaitons. Réparti collectivement, on trouve toujours quelque chose à faire.

Il peut y avoir d’autres raisons, encore de préférer le collectif… A vous de le dire.

Et du collectif encore.

Brin est un jardin qui tend à ne pas se replier sur lui-même. Aussi, nous ne faisons pas que jardiner mais essayons d’ouvrir au maximum les jardins à l’évènementiel, et de représenter l’association lors de manifestations diverses et variées.


La fête des Petits Brins Zurbains
a lieu chaque année en mai. C’est le seul évènement dans l’année qui permet de fédérer l’ensemble des jardiniers, habitants, commerçants, etc., autour de la question des Petits Brins Zurbains. en effet, malgré quelques « commandos », cette activité de rue est la plus éparpillée.

photo fête PBZ 2009 à ajouter.

Le festival Culture d’Intérieur de la Boulangerie du Prado
(http://www.boulangerieduprado.org/). Ayant lieu pour la deuxième fois consécutive en 2009, la Boulange’ hors les murs invite des spectacles en appartement, mais aussi sur les jardins.



Culture d’Intérieur 2008


Les Rendez Vous aux Jardins
, organisés par la DRAC (http://www.rhone-alpes.culture.gouv…). Un week-end annuel dédié aux jardins qui ouvrent leurs portes. Brin d’Guill participe à l’évènement afin de se faire connaître plus largement.

Les journées du Patrimoine
(http://www.journeesdupatrimoine.cul…). Sans aucune prétention, et pour les mêmes motivations que les rendez vous aux Jardins.

La Garden Pride, organisée par le réseau du Jardin Dans Tous Ses Etats (JTSE), chaque année à l’automne 2009. Nous parlions plus haut du problème de convention. Cette journée de manifestation fière et festive est l’occasion pour tous les jardins collectifs du Grand Lyon de sortir de leur enclos, d’inviter à jardiner, et d’alerter les politiques sur la fragilité de l’existence de ces jardins urbains.


La Fête des Lumières
, Brin fête le 8 décembre à sa manière. Le jardin est animé l’hiver avec soupes et concerts en partage.


Fête des Lumières 2005

Et encore… (sans vouloir faire catalogue).Dans les années précédentes, nous avons participé :
au Pique Nique de la Guille ; à des lectures botaniques avec les P’tits Papiers ; à ça Tchatche ! avec les Subsistances ; à Tu vois ce que je veux dire ? avec la compagnie In Situ …

Cette année nous accueillons une partie du « festival itinérant pour des Terres Nourricières en partage« , organisé par notre bien-aimé Passe-Jardins. L’objectif de ce festival est d’interpeller sur la question de l’accès à l’alimentation dans un contexte de remise en cause des pratiques actuelles de consommation.

Voici pour nos activités extra-jardinières, et notre agenda paraît bien rempli. Notre participation à ces évènements est validée en réunion, et nous renonçons parfois à certaines manifestations faute de temps et de bénévoles. Nous demandons aux adhérents de s’impliquer autant qu’ils le peuvent à leur préparation.

Devenir adhérent.

Pour être adhérent, il faut s’acquitter d’une cotisation annuelle de 10 €. quand vous êtes adhérent, vous avez un accès totalement libre aux différents jardins : on vous révèle la planque de la clé, les codes d’accès…
Mais comme c’est pas toujours rigolo de jardiner tout seul, on essaie de se donner rendez-vous, souvent par mail parce qu’on fonctionne bien avec internet. Sur le site, on a créé cet outil : « Les rendez vous aux jardins se prennent ici » (https://brindguill.org/evenement-rendez-vous-aux-jardins-les-5-6-et-7-juin.html). Vous signalez votre venue afin que vos camarades jardiniers puissent vous y retrouver.

Brin d’Guill ce n’est pas trop de contraintes. Vous serez beaucoup sollicité pour des réunions, pour planter, pour bêcher, pour faire des semis, pour racheter des fournitures, pour préparer la soupe, pour faire un compte-rendu… Mais ce n’est jamais obligé. Le seul moment vraiment rigoureux dans l’année, c’est respecter le planning d’arrosage estival. A cette période de l’année, les jardins peuvent avoir besoin d’être arrosés jusqu’à 3 fois par semaine ! Mais pas de panique, le planning prévoit des tours de rôle en binôme et en toute logique vous n’êtes arroseur qu’une semaine dans l’été. Fastoche, quoi.

Devenir jardinier.

Les jardins de Brin, ça fait pas mal d’espace, et il est normal d’être un peu perdu quand on arrive et de ne pas savoir par où commencer. C’est normal. Sur l’Ilot d’Amaranthes, qui est notre super jardin (arrosage automatique, ouéééé !),il y a un grand tableau noir où est représenté le plan de culture du jardin. Ce plan de culture a été élaboré en réunion mais il n’est pas appliqué à la lettre. Il est super important de signaler ce que l’on vient de planter : si ce sont des semis sous terre, on ne les verra pas et on risque de mettre autre chose par dessus ; et une fois que c’est sorti, il est bon de se rappeler ce que l’on avait planté.
Sur Mazagran et Cluzan, où on est moins performants côté logistique, on signale la présence de culture avec des piquets, des étiquettes, etc. Mais nous travaillons sérieusement à l’installation de nouveaux panneaux de signalisation.

Mais pour planter, encore faut-il savoir planter…

Parce que jardiner ce n’est pas seulement ça. Jusqu’à cette année, la bonne vieille méthode Brin d’Guill consistait à apprendre sur le tas et à improviser. Cette année, finie l’impro ! On a une super bibliothèque jardinière dont le fond a été constitué par Camille, et la liste sera bientôt disponible sur le site. Les ouvrages seront également bientôt en consultation chez Thibault, au Café des Cultures (80 rue Montesquieu, http://chezthibault-cafedescultures.fr/). Là dedans vous trouverez pleins de trucs, du bon usage du jardin à la philosophie du jardin planétaire, et des recettes de cuisines.
Mais parce que jardiner ce n’est pas non plus s’enfermer, la célèbre et jolie jardinière Coralie Scribe nous donne des cours depuis le 30 mai.

En fouillant sur le site, vous trouverez d’autres documents pouvant vous renseigner sur notre pratique associative du jardinage : et les plantes, et les poubelles, et le compost, et les outils, et le respect, et les asticots, etc… Tout ce qui fait qu’on peut arriver à bien jardiner sans être tout seul dans ses fraisiers.

Maintenant et bientôt sur les jardins, plus rien de ce qui sera jardinier ne saura vous être étranger.

C. Faraco